Suite à mes
déboires avec François Asselineau et le Bureau National de l'Union Populaire Républicaine
(UPR) qui ont mené à mon exclusion de ce mouvement, j'aimerai vous faire part
de mon analyse sur l'état et l'évolution probable de l'UPR. Je ne reviendrai ni
sur la procédure pleine d’amateurisme, ignorant le droit, les statuts et le
règlement intérieur, ni sur le dossier inepte (monté postérieurement à mon éviction) ayant conduit à mon exclusion.
Toute l’information est disponible sur ma page Facebook et une action juridique
est en cours.
Pour
commencer il faut comprendre que ce que je synthétise ici va bien au-delà de
mon avis personnel, c'est le résultat de discussions avec un grand nombre d'adhérents
et d'ex-adhérents du parti (cadres et militants en place, démissionnaires ou
exclus) et que ce document présente un sentiment largement partagé.
François
Asselineau, co-fondateur de l’UPR et Président en exercice, doué d'une culture
encyclopédique et d'une expérience internationale remarquable, a
incontestablement des qualités de force de travail, d'analyse, de pugnacité et
de désintéressement. Malheureusement ce n'est pas suffisant pour organiser
efficacement une armée de militants et de cadres avides de démocratie interne
et d'efficacité, ayant besoin d'un minimum de gratitude ou de reconnaissance de
leur engagement. C’est encore plus vrai quand, du fait même de la structure du
mouvement, les origines politiques des adhérents sont extrêmement diverses mais
que le chef ne veut voir qu’une seule tête et aucun propos hors de contrôle y
compris sur les réseaux sociaux.
Un des
problèmes principaux est que François Asselineau est persuadé, il le dit et
l’écrit sans pudeur, que toutes les réussites, toutes les progressions de son
mouvement ne sont dues qu’à lui-même, dans un mépris total des militants de
terrain désintéressés et investis. Ce mépris est profond et laisse penser que
seules ses idées et ses analyses l’intéressent au mépris du citoyen, de
l’individu, de peuple.
Depuis un
certain temps, les conférences du Président ne sont que des répétitions d'elles-mêmes,
creuses et sans nouveau fond. Ses énumérations interminables, ses obsessions
deviennent pathologiques et insupportables. Ses dérapages temporels sont des
manques de politesse inacceptables, et les exemples sont de plus en plus
nombreux. En effet, la durée de ses interventions, qui était due dans les premières
années au volume des informations à passer, n'est plus soutenue que part des
redites pénibles et des argumentaires d’autosatisfaction rabâchés. Après une
arrivée, classiquement en retard, l’orateur débute par un préambule de 1h30
faisant glisser d’autant le début de la conférence. Ensuite seulement, après
une pause éventuelle, et le départ des personnes ne pouvant pas consacrer plus
de 3h – déjà écoulées – à cet événement, la conférence commence. Il est courant
que ces séances dérapent de plus de 3 ou 4 h au mépris de l’emploi du temps des
curieux, des sympathisants, des militants ou des employés gérant la salle
rendue très en retard.
Ses qualités
d'orateur, au sens purement technique - pédagogie, rythme, synthèse, résumé,
à-propos, ligne directrice, volume du message, composition des planches ... -
est d'un niveau très moyen. S'il était ouvert à la critique constructive, il
pourrait améliorer drastiquement son efficacité et l'impact de ses
interventions.
De plus sa
gestion (au sens du "management") de la structure est catastrophique
au sens de la théorie des organisations et de la conduite des hommes. Il ne
sait pas s’entourer et encore moins déléguer. Il veut tout voir, tout
contrôler. Il ne supporte pas la diversité des opinions et des courants de
pensées même quand elles prennent racine au sein de la sainte trinité des
sorties UE/euro/OTAN.
Le problème,
c'est que personne n'est capable de (ou n'ose) lui dire qu'il devient
inefficace, contreproductif et qu'il se transforme petit à petit en frein pour
le mouvement. Son entourage, jaloux de sa position privilégiée près du chef, ne
lui rend pas service en évitant toute critique. Pour reprendre un mot très
utilisé au sein de l’UPR : Il devient un sujet clivant.
Il ne fait plus
confiance à personne et certainement pas à ceux qui développent des initiatives
ou une indépendance intellectuelle, même brillante. Il s’enferme dans une tour
d’ivoire et refuse de voir le monde évoluer autour de lui, refusant avec une
rare énergie les discussions avec d’autres structures partageant les mêmes
objectifs, se cachant derrière une Charte fondatrice élevée au niveau d’un
texte sacré et prétextant que seul son mouvement prône la triple sortie.
Devant le
relatif succès du mouvement, François Asselineau retrouve ses réflexes d'homme
de droite. Son arrogance et sa morgue, son manque d'humilité et son mépris des
autres redeviennent ses marqueurs naturels. Il ne sait pas reconnaitre ses
erreurs, il manque d'autocritique et sa fierté l'empêche de s'excuser même
quand il est mis devant ses contradictions, ses erreurs ou ses mensonges.
A plusieurs
reprises il a perdu son sang-froid dans des conditions pourtant facilement
maitrisables. C'est inquiétant et on peut se demander comment il se comportera
face à de vrais "tueurs" médiatiques et de vraies controverses.
Sur
plusieurs points il gagnerait à écouter des conseils de professionnels sans
avoir à perdre son naturel et sa bonhommie sympathique. Mais il ne veut écouter
personne, tout ce qu’il fait, tout ce qu’il a mis en place est parfait, d’après
lui, et ne souffre d’aucune critique ou conseil.
Quand il
sent que quelqu'un pourrait présenter un danger pour lui (réel ou fantasmé), il
devient insultant, diffamant, n'hésitant pas à mentir en connaissance de cause
jusqu’à le discréditer. Il a peur de son ombre et est terrorisé de ne pas
plaire à tout le monde. Les méthodes d'activisme "de gauche" le
rendent paranoïaque et nerveux. Son sentiment de supériorité (ENA/HEC) le rend
agressif dès que l'interlocuteur n'y souscrit pas avec déférence.
Le nombre
d'adhérents de l'UPR présenté à tout bout de champ comme une force est assez
relatif car ceux qui ne renouvellent pas leur cotisation ou qui sont exclus ne
sont retirés que très tard des listes. Il en reste quelques centaines qui n'ont
pas cotisé depuis plus de quatre ans et beaucoup plus encore depuis plus de
deux ans. Depuis quelques temps on remarque même un ralentissement inquiétant
de la progression des adhésions. (Effet de nettoyage des anciens membres ?). Si
le rythme actuel est maintenu (et que la pente reste constante), ils seront
9000 fin 2015 et 12500 au moment de l’élection présidentielle de 2017. On peut
se demander si la stratégie peut être gagnante ?
Page de présentation de l’UPR sur Facebook affirmant la
« vérificabilité » du compteur d’adhérents
(les adhérents les plus naïfs confondent «vérifiable »
et « vérifié »)
Tous les
délégués départementaux ou régionaux qui ont accès à la base de données des
adhérents savent que le nombre présenté comme official et exact est en fait
surestimé d’environ 10%. François Asselineau, et ça s’appelle l’aveu d’un
mensonge, l’a lui-même révélé au cours du dernier Conseil National. La valeur n’est pas importante en soi, mais
c’est François Asselineau lui-même qui le présente comme strictement le reflet
de la réalité. Mensonge un jour, mensonge toujours.
De plus, le
fait que les statuts définissent qu’un adhérent est un membres qui a payé au
moins une fois sa cotisation dans les trois dernières années implique un effet
de lissage cachant la non-ré-adhésion » de plus de 35% de la valeur du
compteur. Fin mai sur 7700 adhérents revendiqués, plus de 2800 n’étaient pas à
jour de cotisation et presque 700 n’avaient pas cotisé depuis 2012.
La vague de
démissions qui arrive depuis fin mai n’a quasiment aucune influence sur le
compteur ; Bizarre … Il faudra rester attentif en juin quand tous les
courriers auront été réceptionnés.
Dire partout
et tout le temps que la progression du nombre d'adhérents est exponentielle ne
suffit pas à le faire avaler à toute personne ayant un niveau de mathématiques
de seconde générale, alors que la progression, depuis plusieurs années, n'est
que quasi linéaire (il faut reconnaître que la progression a été très rapide
entre fin 2009 et 2011). Il suffit de jeter un coup d'œil sur la courbe semi-officielle (chiffres officielles, traités par un bénévole non mandaté) éditée une fois par semaine pour s'en convaincre. (Pour les matheux : dérivée
quasi constante, voire décroissante et certainement négative depuis quelques
semaines)
Courbe officielle (éditée toutes les semaines) pour 2015 !
Où est l’exponentielle ?
(En bleu une approximation de la dérivée)
Si l’UPR
veut m’attaquer en diffamation, je dis « chiche ! », ma demande pour l’huissier est prête en vue
de vérification juridiquement inattaquable des affirmations de véracité de la
valeur affichée.
La
constitution du Bureau National est un problème en soi pour la dynamique du
mouvement. La structure voulue par le président d'une liste de noms (contenant
celui du président potentiel) choisis par lui pour se présenter aux élections
une fois tous les trois ans rend toute évolution et agrégation de compétences
impossible sauf à se présenter contre lui - donc à devenir son adversaire voire
son ennemi. Des propositions de modifications des statuts pour améliorer le
dispositif ont été faites par des cadres nommés : fin de non-recevoir (et refus
d’aborder ces point dans les organes statutaires au mépris des dispositions
prévues dans les statuts).
Le premier
cercle du Bureau National, petite aristocratie jalouse de ses prérogatives,
choisi exclusivement par FA et élue (cooptée sans alternative) comme dans une
république bananière, ne lui permet plus d'être en contact direct avec les
revendications de la base qui sont systématiquement écartées, dénigrées et
refusées même si elles passent le filtre du Secrétaire Général. Ce bureau
national est quasiment inconnu de la base qui s'en plaint. Les propositions
pour améliorer cette situation ont été ignorées voire moquées.
Quand une
personne déplait, elle est ostracisée immédiatement sans discussion, sans
explication. Ce comportement vaut pour les cadres et les élus qui sont alors
poussés à la démission par le mépris et l'isolement. Et si la démission ne
vient pas, l'exclusion n'est pas loin. Pour ma part l'isolement et le silence
radio a duré plusieurs mois en dépit de mes multiples demandes de renseignements,
de consignes, de discussions ...
Penser que
le fonctionnement du mouvement est parfait et qu'il ne sert à rien d'essayer de
l'améliorer (position défendue par François Asselineau) est la meilleure
manière de le guider vers sa ruine. Toute structure qui ne veut plus évoluer,
se pensant au-dessus de la critique, finit par mourir sous ses propres
certitudes.
Le refus de
toute critique, même constructive et la (tentative de) censure systématique des
pages Facebook, des cadres ou des adhérents, et de la stérilisation des
conversations par suppression des commentaires jugés comme non acceptables (par
qui ?) va tuer toute velléité de transgression exploratoire et créatrice ou
débat contradictoire.
Laisser
croire aux militants, engagés et peut-être un peu trop naïfs, que François Asselineau
pourrait être le prochain président de la République Française, avec le seul
support de l’UPR, est irresponsable et destructeur. Il n'est même pas certain
qu’il puisse se présenter tellement les difficultés sont grandes. Et s’il y
arrivait, le résultat serait probablement et objectivement proche de l'unité.
Cette déception parmi les militants sonnera le début de la mort du mouvement.
Il faut absolument afficher des objectifs réalistes et atteignables, préparer
des alliances programmatiques (pas des fusions, synonyme de perte d'identité),
mais cette option a déjà été rejetée violemment par le Président et son Bureau National
godillot.
Le slogan de
l'UPR pourrait être "soyez de bons petits soldats au service du Président"
avec comme sous-titre "mais surtout ne tentez pas - même à votre corps
défendant - de lui faire de l'ombre". Dans le cas contraire vous seriez
instantanément accusé de vouloir monter une baronnie aux frontières du royaume,
vous seriez diffamé et poussé vers la sortie. (La tentative de monter une
"baronnie" m'a été reproché. Ce terme est même intégré officiellement
dans le préambule de la feuille de route de Délégués Régionaux comme un danger
identifié)
Il semble
que d’autres mouvements vont construire un programme présidentiel autour de
l'article 50 pour une sortie juridiquement inattaquable de l’Union européenne.
Même le Front de Gauche pense à cette option. Quel sera alors le comportement
et l'argumentaire de l'UPR ? Le président refusera-t-il toujours d'envisager
des accords programmatiques avec d'autres formations ? Comment alors justifier
le fait que l’UPR ne serait plus "le seul parti de France à proposer
sortie de l'UE ...".
De plus, le
mépris du président et du BN pour les initiatives de terrain va détruire petit
à petit la motivation des militants les plus engagés. Plusieurs dizaines
d'entre eux ont d'ailleurs déjà été exclus, sont partis ou se sont éteints,
rentrant dans le rang de la masse silencieuse. Et l’hémorragie continue.
Je crains (en
fait je nous sommes un grand nombre à le constater) que l'UPR devienne un
mouvement autocratique appuyé sur une oligarchie nommée (l'élection du BN étant
une mascarade) évitant soigneusement d'agréger les compétences disponibles au
profit d'une cour de type "Louis XIV". C'est trop loin de mes
aspirations profondes et de celles d’un grand nombre de militants.
Je suis
reconnaissant, et ce point de vue est très largement partagé, à François
Asselineau de m'avoir éveillé à une conscience politique. Je lui en veux ne pas
avoir assez de recul pour comprendre où sont ses vrais amis, ses vrais
soutiens, les vrais atouts du parti qu'il a créé, mais qui n'est plus le sien,
et les vrais dangers qui risquent de le détruire.
Les nombreux
adhérents en cours de rupture de confiance (démission, non-ré-adhésion) voulaient
défendre des idées derrière un guide éclairé mais certainement pas être employés
juste pour promouvoir un homme vers ses ambitions, en tant que chef absolu,
omniscient et infaillible.
François
Asselineau est (devenu) un autocrate de la pire espèce camouflé sous des dehors
sympathiques. Je propose aux adhérents et sympathisants de se poser les questions suivantes :
- Que sont devenus les autres membres
fondateurs ?
- Que sont devenus tous les membres
historiques ?
- Qui a discuté et voté la charte
fondatrice ?
- Qui a discuté et voté le programme présidentiel
?
- Qui aurait voté pour le BN si ses
membres n'avaient pas été sur la seule liste proposée avec François Asselineau
en tête, auto-désigné président ?
- Quels sont les (vrais) moyens de
discussion interne ?
- Quels ont été les débats au dernier
Conseil National ?
- Combien d'exclusions ont été
prononcées ?
- Combien de démissions ont été
enregistrées ces derniers temps ?
- Quelle est la fidélité du compteur
d’adhérents publié en temps réel et présenté partout et tout le temps par François
Asselineau comme une valeur vérifiable par huissier ? Chiche !
François
Asselineau se voit comme le général d'une armée, comme l'homme providentiel. Ce
dont il ne rend pas compte c'est qu'il n'en pas l'étoffe. Il ne sait ni gérer
les hommes ni les structures complexes et il n’en maîtrise pas les concepts
abstraits associés Il n'a aucune
conscience d'un plan stratégique et des tactiques sous-jacentes. Il avance au
petit bonheur, sautant d'opportunité en opportunité, quitte à se ridiculiser
avec des vétilles (comme l’article d’accueil
des nouveaux adhérents édités sur sa page Facebook jusqu’à plusieurs
fois par jour).
Même s'il a
réussi à réveiller les consciences il ne récoltera jamais les fruits de son
travail et sera de plus en plus méfiant, frustré, vindicatif et aigri.
Nous sommes
de plus en plus à ne plus vouloir donner notre caution et continuer à militer pour
un mouvement qui n'est pas capable de combattre en interne les défauts qu'il
dénonce à grands cris dans les institutions européennes : élections en carton,
centralisation des pouvoirs, non démocratie, non écoute de la base, culte du
chef, refus du dialogue, arrogance ...
Je le dis
après plusieurs années d'étude des mécanismes internes des institutions : il y
a moins de démocratie à l'UPR qu'au sein des institutions européennes, il est
plus complexe de réformer l’UPR que l’UE.
La devise du
parti "Union du Peuple pour Rétablir la Démocratie" est pour
l'instant une vitrine dont l'arrière-boutique n'en stocke aucun échantillon.
Qu'on ne s'y
trompe pas : Les desseins profonds de l'UPR sont importants, vitaux pour notre
pays et je ne renie en rien ni les idées, ni les analyses, ni les objectifs.
J'y adhère à 100% même si je pense que les méthodes gagneraient à être un peu
plus musclées. (voir mon action de décrochage-restitution des emblèmes
européens par exemple)
Pour ma
part, comme je n'ai pas le culte des organisations féodales, et certainement
pas celui du chef omniscient-omnipotent, je continuerai de défendre mes idées
mais dans un cadre plus démocratique à trouver ou à développer, quitte à
devenir éventuellement un opposant "intellectuel" indépendant.
Alors, après
une profonde réflexion basée sur cette analyse, je pense que François
Asselineau, formidable pédagogue, n’est pas le candidat qu’il faut à la France
pour défendre efficacement son avenir de pays souverain dans le respect des
citoyens.
La sortie de
la France du bourbier de l’UE ne pourra se faire qu’en rassemblant le plus
largement possible les français de toutes origines autour d’une volonté commune
sans brider leurs autres convictions, les chefs viendront ensuite.
Yannick
HERVE
Le 06/06/15